L'Extréme Droite perd la tête...

"Charles, hier j'ai regardé une emission sur france 3 traitant de la période 1988-2000 en Algérie et de la montée de l'islamisme, ne me faites pas croire que le FIS était tolérant?? Et pourtant leur lecture et leur application du Coran était rigoureuse! (..) Mais moi j'ai trouvé un devoir citoyen: envoyer l'adresse de ce site a des vraies organisations de lutte contre les discriminations et le racisme. Votre discours est dangereux. Je n'ai pas besoin de réponse. "


Nous avons débattu loyalement, nous avons accueilli sans arrières pensées les propos les plus divers de ce Monsieur, nous l'avons traité comme un frère, et voila que finalement qu'il nous jette à la figure son Islamophobie et son fascisme.
Le plus étrange est qu'il s'imagine nous dénoncer à des organisations antiracistes, lui qui prétend que l'Islam serait par nature intolérant ! Je suis déçu, déçu par ce comportement anticitoyen, déçu par ce fanatisme d'un individu replié sur lui même par peur du changement, déçu tout simplement par cette peur de l'Autre. Si on n'arrive pas à changer au point de vue politique, au plan global, en tant que citoyen, certaines réalités et représentations, on aura encore beaucoup à faire et pendant longtemps, sur le plan des mentalité.
Mais désolé, Môssieur, les tissus politiques ont changé. Les sociétés se métissent. L'interculturel mène la vie dure à l'intolérance. L'Occident qui voit tout du même œil, souffre d'une culture unidimensionnel. Or la culture au singulier est devenue une mystification politique. Bien plus, elle est mortifère. Elle menace la créativité même. Sans doute est-ce aujourd'hui un problème nouveau que de se trouver devant l'hypothèse d'une pluralité de cultures, (Et on voit avec de comportement un exemple frappant de mentalité réactionnaire nauséabonde) c'est-à-dire de systèmes de références et de significations hétérogènes les unes par rapport aux autres. Pourtant le modèle métis est simple : les stratégies n'ont plus l'interculturalisme pour objectif, mais pour ancrage de départ de la réalité; tout enfant est lui-même composite et métis. Chaque être est ainsi une "culture de frontière".
Les slogans du type: "un peuple, une culture, une langue" ont servi au XIXe siècle à la constitution des États nationaux et aux guerres et génocide. Le XXIe siècle évolue vers un pluriculturalisme de plus en plus généralisé. Tout apprentissage consiste en un métissage. La jungle européenne va se revêtir d'une peau de léopard, de diverses peaux de léopard, et d'éléphant, et d'autruche, dont le tissu sera le fruit d'un tricotage courant certes encore sur des fils étatiques, mais aussi et toujours plus sur des fils de citoyennetés active, composée sur des fils identitaires et souvent minoritaires.
Les tissus politiques ont changé. Les sociétés se métissent. L'interculturel mène la vie dure à l'intolérance.


Le combat citoyen pour une France Ouverte et Plurielle doit continuer, et cet échec ne doit pas nous faire baisser les bras. Avec patience et détermination, nous (l’Avant Garde) devons poursuivre notre œuvre pédagogique auprès des masses. Ce qui aujourd'hui disent non demain nous acclameront. Tel est la Loi du progrès dans une démocratie.



"Etrange et original, déjà mélangé des gènes de son père et de sa mère, en tiers entre eux, tout enfant n'évolue que par nouveaux croisements, toute pédagogie reprend l'engendrement et la naissance d'un enfant: né gaucher, il apprend à se servir de sa main droite, demeure gaucher, renaît droitier, au confluent des deux sens; né Gascon, il le reste et devient Français, en fait métissé; Français, il se fait Espagnol, Italien, Anglais ou Allemand, s'il épouse et apprend leur culture et leur langue, en gardant les siennes propres, le voici quarteron, âme et corps mêlés. Son esprit ressemble au manteau d'Arlequin...
Cela vaut pour instruire autant que pour élever les corps. Le métis, ici, s'appelle Tiers-Instruit. Scientifique, plutôt, par nature, il entre dans la culture parce que la science épouse aujourd'hui les questions, par elle seule imprévisibles, de la douleur et du mal. Il suffit d'apprendre deux choses: la raison exacte et les maux injustes; la liberté d'invention, donc de pensée, s'ensuit.
Cela vaut enfin pour la conduite et la sagesse, pour l'éducation. Elle consiste et demande à épouser l'altérité la plus étrangère, à renaître donc métis.
Aime l'autre qui engendre en toi une troisième personne, l'esprit." (Michel Serres)