Susan Sontag

«J'aime à penser que je ne représente que la littérature, une certaine idée de la littérature, et la conscience, une certaine idée de la conscience ou du devoir», déclarait Susan Sontag. Parlant parfaitement le français et bisexuelle, preuves d'ouverture à l'Autre et d'extrême progressisme pour une Américaine, elle venait souvent à Paris. «Pour moi, la seule intelligence qui vaille d'être défendue, c'est une intelligence critique, dialectique, sceptique et désimplifiante» disait-elle.

Or Susan Sontag était cette créature rare, une intellectuelle dont les écrits, les opinions, les pensées à toute occasion intéressaient un grand public, aux Etats-Unis comme en Europe et dans le monde. Cette femme, résolument de gauche, qui savait donc raisonner avec rigueur, avait pris ses distances avec l'idéologie communiste dés les années 1990. Elle n'était une admiratrice convaincue que du Communistes Révolutionnaires, comme le Vietnamien de Ho Chi Minh ou du Cubain Fidel Castro, et une opposante résolue de la politique étrangère américaine. Elle avait particulièrement critiqué la psychose de ses compatriotes aprés le 11 septembre, conséquence bien naturelle de la politique américaine qui a créé Alquaida -"L’action est dépendante des enchaînements de causalité de la politique qui surdétermine les individus". Et elle ajouta pour dénoncer la lâcheté américaine que : "Where is the acknowledgment that this was not a 'cowardly' attack on 'civilization' or 'liberty' or 'humanity' or 'the free world' but an attack on the world's self-proclaimed superpower, undertaken as a consequence of specific American alliances and actions? How many citizens are aware of the ongoing American bombing of Iraq? And if the word 'cowardly' is to be used, it might be more aptly applied to those who kill from beyond the range of retaliation, high in the sky, than to those willing to die themselves in order to kill others."

Mais le plus grand mérite de Susan Sontag -et devant l'Histoire- c'est de nous avoir fait prendre conscience du caractère profondément maléfique de l'homme blanc. Elle écrivit en 1967 cette phrase définitive : «la race blanche est le cancer de l'humanité» ("The truth is that Mozart, Pascal, Boolean Algebra, Shakespeare, parliamentary government, baroque churches, Newton, the emancipation of women, Kant, Marx, and Ballanchine ballets don't redeem what this particular civilization has wrought upon the world. The white race is the cancer of human history"). D'ou le bouillonnement intellectuel qui fera émerger la solution immigrationniste comme remède, ainsi que l'idée de repentance nécessaire et de redistribution légitime des richesse volé par l'Occident.

Deux semaines avant de mourir, Susan Sontag défendait un livre de la photographe Dorothea Lange dénoncant les camps de concentration des Japonais aux Etats-Unis pendant la Deuxième Guerre mondiale. Susan Sontag sert une autre leçon de mots sur l'ineptie et l'imposture de l'aventure américaine en Irak : «En ce qui concerne la torture et l'humiliation sexuelle comme amusement, il semble que peu de gens y soient opposés alors que l'Amérique continue à se transformer en un État de garnison, État dans lequel les patriotes sont ceux qui ont un respect inconditionnel pour la puissance armée et pour la nécessité d'une surveillance intérieure maximum. Le choc et l'effroi sont ce que nos militaires avaient promis aux Irakiens qui résisteraient à leurs libérateurs américains. Choquantes et effroyables sont ces photos montrant au monde ce que les Américains ont livré : un modèle de conduite criminelle en dépit, et au mépris total, des conventions humanitaires internationales.»
Susan, tu nous manque déjà..