Pour un Autre Monde

dimanche, décembre 12, 2004

Libéralisme, l'Arme Absolue

La différence entre la démocratie et le libéralisme, c'est que le libéralisme ne consiste pas à donner autant de liberté à tous, avec des lois pour garantir que personne n'empiète sur la liberté des autres, mais à donner la totale liberté aux plus forts d'écraser les plus faibles.

Le principe de base pour ça est une liberté économique totale sans garde-fou.
Mais l'ultra-libéralisme innove en beauté en mettant en place des lois pour interdire aux plus faibles de bouger pendant qu'on les piétine. Et ce n'est que le commencement. Éteignez TF1, réfléchissez et vous verrez peut-être que le régime de rêve vers lequel on se dirige n'aura rien à envier à un bon vieux totalitarisme stalinien...
En plus imagé : « Le libéralisme, c'est une doctrine qui pose en priorité que, dans un poulailler, les poulets sont totalement libres... tout comme le renard. » (Joao Mellao Neto)



C'est flagrant quand on lit un livre comme 1984 : une dystopie écrite en réaction au stalinisme mais plus le temps passe plus on a l'impression que c'est écrit en réaction à notre époque.
Juste pour l'anecdote, un concept de 1984 qui s'applique comme un gant à notre époque : la novlangue. Faute de définir une nouvelle langue, nos dirigeants en train de redéfinir tous les mots gênants de l'ancienne, à commencer par "progrès", "dialogue", "sauver", "courage"...
La croissance est maintenant l'objectif prioritaire de nos "sociétés modermes". On en oublie la pollution générée. Mais voilà, un jour on arrètera d'acheter toujours plus. Il serait peut-être temps de réfléchir à autre chose. La croissance pour la croissance, ça ne va pas loin.

Le libre-échange induit naturellement un flux d'argent des pays riches à main d'oeuvre chère vers les pays pauvres à main d'oeuvre bon marché.
On pourrait donc se dire que cela tend à l'équilibre et que c'est génial.
Seulement tout est dans la manière. Je ne donne pas de l'argent à un habitant d'un pays pauvre pour le travail qu'il fait pour moi, je donne de l'argent à une société qui donne de l'argent à une autre société... qui donne de l'argent à l'habitant du pays pauvre.
Tout le jeu consiste donc pour les sociétés intermédiaires à capter le maximum du flux, de façon à enrichir l'habitant du pays pauvre le moins possible. D'autant plus que plus elles y réussissent, plus elles retardent l'équilibre et donc plus elles pourront le faire longtemps. Et dans ces conditions-là, bien entendu, il s'agira d'un nivellement par le bas.
Pour cela, elles ont plein d'outils efficaces :
- La concurrence bien placée : il s'agit de mondialiser le marché du travail pour y accroître la concurrence tout en diminuant la concurrence sur son propre marché par des fusions et des rachats.
- Le brevet : quoi de mieux pour empêcher la concurrence, lier les travailleurs et facturer le plus cher possible aux clients ?
- La spécialisation : il s'agit d'orienter les productions nationales le plus possible vers la spécialisation et surtout pas vers l'auto-suffisance. Le cas idéal où des pays produisent en masse des produits dont ils n'ont pas l'utilité les oblige à passer par des intermédiaires pour en tirer quelque chose aussi bien que pour satisfaire leurs besoins réels. Avec la position la plus favorable pour ces intermédiaires.
Je pense, par ailleurs, qu'on aiderait plus ces pays en les aidant à atteindre l'auto-suffisance alimentaire et sans les racketter sur les médicaments, qu'en leur faisant la grande faveur de laisser nos entreprises les exploiter...



La seule raison d'être de la "production" de connaissances dans le libéralisme c'est de pouvoir les vendre après, donc, droit d'auteur pour les oeuvres auxquels ça s'applique (logiciel, films, livres, musiques) et brevets pour les "inventions".

Dans un modèle libéral, sans propriété, il n'y a en effet plus de recherche en médicaments. Qui ferait de la recherche si ça ne lui donnait pas un monopole sur la production du médicament ensuite ? Seule la recherche publique, financée par la communauté, peut s'affranchir durablement du phénomène de propriété.

Et que l'on ne me dise pas que "l'État n'a pas d'agent", puisque dans les pays où il y a une assurance maladie publique correcte, les brevets sur les médicaments sont en définitive payés par... la caisse d'assurance maladie, c'est à dire par la communauté, mais, au lieu de ne payer que le coût de la recherche (équipements, matériaux, salaires des chercheurs, ...) on paye aussi les profits des actionnaires et PDG des trusts pharmaceutiques. Remplacer la recherche privée + brevets + assurance maladie par de la recherche publique coûterait moins cher pour l'assurance maladie, et éliminerait tous les problèmes vis à vis du Tiers Monde.
Les prix ne baissent pas, ils augmentent, sauf dans des domaines précis. C'est la marge de profit qui augmente. Parce que le mythe de l'efficacité par la concurrence, n'est bien qu'un mythe.
La part du PIB détournée par les milieux financiers (les actionnaires) a plus que doublé en 20 ans. C'est un fait. Cet argent existe. De même, les salaires des patrons des plus grosses entreprises augmenent beaucoup plus vite que les salaires des salariés. C'est aussi un fait.

Autrefois j'allais au Portugal en vacances, mais plus depuis trois ans. J'ai assisté aux effets du libéralisme en direct sur ce pays naïf, pauvre mais heureux, à la culture riche, aux gens simples et chaleureux, et tout frais venu à la démocratie.

C'est un désastre. Leur culture est mourante : ils ne pensent plus qu'à gagner de l'argent sur le dos des touristes. Toute la grande distribution a été rachetée par les espagnols (El Corte Inglès) et les français (Auchan, Carrefour, la FNAC). Les commerces du centre de Lisbonne, des boutiques traditionnelles bicentenaires, toutes en bois et long comptoirs tombent comme des mouches et sont remplacées par des boutiques flashy de grandes chaînes internationales. C'est qu'ils veulent des dvd maintenant les Portugais..
Plus souvent, elles ne sont pas remplacées du tout. Tout le centre historique est à l'abandon. Les prix des produits locaux ont triplés, ils n'ont plus les moyens de se payer leurs propres vins et fromages, sans parler du préjudice pour les touristes. Les taxis ou les serveurs veulent maintenant des pourboires. Le prix des hotels, des restaurant, tout à augmenté. Pire, les fromages partent à l'exportation ou pourrissent à l'étalage.
Le peu de domaines compétitifs qu'ils conservaient est réduit à néant par l'élargissement. Ils vont se faire laminer par les pays de l'est.
Oh, bien sûr, ils pourraient acquérir des compétences nouvelles et hautement spécialisées, dans des domaines qui leur sont complètement étrangers, histoire d'achever de bousiller leur culture, mais avec au moins de quoi bouffer.
Pas de bol, le système éducatif est malade de l'Ultra-libéralisme et porte toujours le lourd passif de la dictature Salazariste. 20% de niveau bac.
C'est sans espoir.




Car le libéralisme, par son principe même, vise à réduire le contrôle de la puissance publique sur l'économie, que ce soit pour protéger l'environement, pour protéger la santé, ou pour lutter contre les inégalités sociales. Lorsque les pouvoirs publics disent "non, les entreprises n'ont pas à faire ça" ou "on va ajouter une taxe sur le produit truc parce qu'il pollue", c'est une entorse au libéralisme.

Le libéralisme, c'est limiter au maximum, voir supprimer, les interventions de l'état sur l'économie, et laisser le libre marché se réguler tout seul. Selon les principes d'Adam Smith, la concurrence diminuera alors les prix, et les clients choisiront les produits qui leur conviennent le mieux, donc tout le monde y gagnera. Résumé par Adam Smith par la formule que je paraphrase de mémoire (si qqn a la citation exacte sous la main, je suis preneur): "dans une économie de libre marché où chaque acteur agit pour son intéret personnel, le marché atteindra de lui-mêmel'efficacité maximale comme guidé par une main invisible"; Et je ne vois pas comment on peut encore croire, de nos jours, dans cette "main invisible" sans faire preuve d'une foi irrationnel, limite religieuse, dans le libéralisme qui ne s'éloigne pas de beaucoup des autres formes d'intégrisme.


Mais comme l'ont démontré les économistes modernes (comme Dominique Plihon, Alain Caillé , Christian Lazzeri ou Bernard Blavette), ceci ne fonctionne pas, à cause de beaucoup de phénomènes non pris en compte par Adam Smith, comme:
- l'asymétrie de l'information (le vendeur en sait souvent plus que le client sur les conséquences et les risques du produit, et donc trompe le client)
- les barrières à l'entrée (le coût pour qu'un nouveau concurrent entre dans un marché, qui dépend du domaine, mais qui peut être très élevé)
- les externalités (comme la pollution) et les conséquences à long terme, qui sont souvent sous-estimées
- la logique de la théorie des jeux (en Bourse, on essaie pas d'acheter les actions d'une entreprise dans laquelle on a confiance, mais dans laquelle on pense que les autres vont avoir confiance, et on se retrouve souvent dans le cas du dilemme du prisonnier[1])
- la répartition des richesses: la main invisble Adam Smith et les autres théories du libéralisme parlent d'efficacité dans l'absolu, mais jamais du partage des richesses et des inégalités possibles
- l'instabilité: si, en effet, dans le modèle économique classique (sans regarder les effets de l'asymétrie de l'information et des comportements type théorie des jeux) un système de marché admet un équilibre mathématique "optimal"[2], cet équilibre a été démontré comme étant instable (donc, comme une bille en haut d'une colline, il suffit d'un coup de vent, et elle peut dévaler la pente jusqu'en bas; et croire que le système va atteindre tout seul cet équilibre est totalement irréaliste)

L'écart entre pays pauvres et pays riches est plus important qu'il y a trente ans. Et dans les quelques pays pauvres qui sont moins pauvres, ce sont les plus riches de ces pays qui en profitent. L'appauvrissement dénoncé par Stiglitz ne concerne pas uniquement l'Afrique, mais tous les pays ayant suivi les recettes libérales. C'est à dire, en Amérique latine par exemple, l'élève modèle du FMI: l'Argentine. Ou les anciens "pays de l'est" par exemple (le PIB de la Russie actuelle est inférieur au 2/3 de ce qu'il était il y a 15 ans, et le nombre depauvres a été multiplé par 10).



Par contre chez nous, ce qui est clair, c'est que le gouvernement actuel a perdu toute légitimité. Il ne gouverne plus au nom du peuple, il a été vaincu par les urnes, après avoir été vaincu par la rue et par les sondages. Maintenir Raffarin au pouvoir, c'est insulter le Peuple de France, et briser le Contrat Social qui unit Chirac à son Peuple. Et ça, c'est gravissime. Surtout quand on sait que Chirac a été élu à 82%, y compris par ses adversaires les plus déterminés, parce qu'il était le représentant de la démocratie contre le fascisme. C'est une trahison de Chirac envers notre Peuple, ni plus, ni moins.


Parce que les hommes politiques, c'est ce qu'ils font ? Ou alors ils servent l'intéret de certaines, et pour le court terme (Nicolas Sarkozy, frère de Guillaume Sarkozy, vice-président du MEDEF, etait ministre des finances et vice-premier ministre... je veux bien qu'être le frère de machin, c'est pas forcément un gage d'être à la solde de machin, mais si on ajoute à ça le soutien total de Sellières pour Raffarin, et l'application par Raffarin de la quasi-totalité des propositions de Sellières, il me semble difficile de nier la partialité totale de ce gouvernement).

9 Comments:

  • Salut Charles,
    Article très intéressant, et qui a le mérite de m'avoirsauvé de la panne d'idée aujourd'hui ;)
    Plus serieusement, tu trouveras les deux citations d'Adam Smith dans lesquelles il parle de main invisible sur mon blog.

    By Anonymous Anonyme, at lundi, 13 décembre, 2004  

  • http://linuxfr.org/2004/05/08/16213.html

    Joli effort, tes copier/coller ont failli échapper à mon enquête!

    By Blogger Chitah, at lundi, 13 décembre, 2004  

  • Méfie-toi à ne pas devenir complètement schyzophrène ! On finit par s'y perdre.

    By Anonymous Anonyme, at lundi, 13 décembre, 2004  

  • Fake ou pas fake ? On se croirait sur le journal de Max !

    Droop , kolkhoze.com

    By Anonymous Anonyme, at lundi, 13 décembre, 2004  

  • Je dois avouer avoir le plus grand mal à comprendre la démarche inquisitrice de notre ami Chuta. Quels sont ses buts ? Que veut-il prouver ? Et pourquoi efface-t-il mes postes de son site ?

    Certainement, c'est la seule réponse qu'il a pu trouver face à la démolition en règle de sa religion ultra-libérale. Quel fanatisme !

    Toujours est-il qu'on reconnaît bien là les conséquences des méthodes libérales. L'Etat détruit, il ne reste effectivement que la suspicion permanente entre les citoyens, et les lettres de dénonciations.
    Décidément il n'y a pas de liberté sans Etat, et je remercie Chita de confirmer par son comportement la justesse du combat citoyens d'une Société pour Tous.

    By Blogger Charles Legrand, at mardi, 14 décembre, 2004  

  • une société juste pour tous!!!!celle dans laquelle vous pourrez calomnier ceux qui n'ont pas vos idées comme vous l'avez vous même avouer à l'encontre de monsieurHHH!!!!

    By Anonymous Anonyme, at mardi, 08 février, 2005  

  • Le racisme, la xénophobie, etc, ne sont pas une opinion mais un délit.

    By Blogger Charles Legrand, at mardi, 08 février, 2005  

  • dailleurs le racisme tu pratiques bien Charles...fais gaffe a la justice!

    By Anonymous Anonyme, at mardi, 08 février, 2005  

  • Ces accusations de racisme sont ridicules !
    Je suis un anti-raciste.
    Tant qu'il n'y aura pas 30 millions de nouveaux français, nous n'aurons pas résolu le problème de la France avec l'Altérité.

    By Blogger Charles Legrand, at mardi, 08 février, 2005  

Enregistrer un commentaire

<< Home