Pour un Autre Monde

dimanche, décembre 12, 2004

Noël : un Individualisme Glacial

Une nouvelle lettre trés belle de Patrick Galakis :


Les évènements qui s’enchaînent me font à nouveau prendre la plume pour vous exprimer mes sentiments.

En l’approche de cette fin d’année, je sens poindre en moi un terrible mal qui me pèse, et que j’aimerais vous faire partager. Ce mal chronique obsédant, je ne peux le supporter plus longtemps.
Merci Charles de m'écouter et me comprendre. Je sais que je pourrai trouver en vous une oreille attentive.

Quand je marche dans la rue, je vois des gens qui se croient heureux.
Les jeunes enfants sont guillerets, plein de souhaits pour les fêtes qui approchent : Ils rêvent de leurs futurs jouets, bien empaquetés dans leurs paquets jaunes et rouges, au pied de l’arbre décoré.
Les parents font leurs courses dans de chères boutiques afin de combler matériellement leurs proches. L’existentiel problème des mères de famille est de commander à temps les dispendieuses victuailles des repas de famille interminables et de prendre rendez-vous chez l’esthéticienne pour le réveillon du jour de l’an.
Les municipalités ont agrémenté de décorations leurs rues commerçantes, qui illuminent nos lieux de vie.
Au journal télévisé, le seul souci est de savoir si les commerçants vont réaliser un bon chiffre d’affaires. C’est aussi de connaître la courbe de consommation nationale, en l’espérant la plus haute possible.
C’est un certain esprit de fête qui voudrait se propager.
Mais quelle fête ? Est-ce bien cela que nous désirons ?

J’ai la triste impression que mes concitoyens ont oublié les joies simples de la réunion solidaire, simple, sans apparat, celle qui crée les moments véritablement inoubliables. C’est cette peur indéfinissable qui me déchire les entrailles.

Avec quelle force cet esprit consumériste et égoïste s’est emparé de nos sociétés ! Pourquoi les gens ne communiquent-ils pas plus entre eux, dans les rues, les immeubles, les cités ? Quelle est donc cette manie de s’enfermer chez soi, autour de sa petite famille, sans partage véritable ? Ce qui n’a que l’apparence du vivre-ensemble n’est finalement qu’un isolement de chacun dans sa petite confrérie misérable, où finalement les proches n’ont pour véritable fonction que de créer un rempart entre l’Autre et soi-même. Quel malheureux penchant de l’homme que la peur animale de ce qu’il ne connaît pas. Quelle méfiance dommageable pour la réalisation d’une société véritablement fraternelle qui nous serait tous profitables !
Au passage, j’aimerais porter l’attention des lecteurs sur une initiative prometteuse de lutte contre le capitalisme au moment de Noël. Je souhaite à cette action salvatrice tout le succès qu’elle mérite.

Mais que dis-je ! Ce n’est pas en conservant d’ancestrales coutumes à relents chrétiens telles que les nôtres, que la solidarité deviendra le véritable fondement de notre République ! Je subodore d’ailleurs que cette méfiance des autres découle de préceptes chrétiens d’une ténacité étonnante. Ces principes fumeux, les autorités de notre République devraient s’en soucier sérieusement et circonvenir à cette menace.

Au contraire j’aimerais porter l’attention sur le fait qu’une société véritablement laïque créerait un élan chaleureux et surtout égalitaire en ces périodes de fin d’année, les différences métaphysiques étant ainsi gommées.

Je prône par là le rassemblement du peuple dans de grandes manifestations véritablement festives, une véritable communion des consciences dans les rues, un feu
d’artifices multiculturel, une approche réelle des gens entre eux, le brassage des âmes.

Je vous en prie, ne nous laissons pas aller à des considérations métaphysiques douteuses, réalisons la société moderne et laïque que nous méritons tous.


Patrick Galakis



Merci Patrick.
Ta lettre est trés émouvante; Tu seras toujours ici chez toi.